Comment est-il possible de parler de cinéma sans parler de la Cinémathèque Française. Grâce à Alex, projectionniste au sein de la cinémathèque de Paris, j’ai pu avoir accès à ce haut lieu de la sauvegarde de la pellicule argentique et de leurs techniques de projection.

La Cinémathèque est un organisme privé français situé à Chaillot dans le 16ème arrondissement et déplacé, depuis 2005, au 51 rue de Bercy dans un bâtiment construit en 1994 par Frank Gehry dans le parc de Bercy pour l’American Center. Les missions de la Cinémathèque française sont la préservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique. Avec plus de 40 000 films (70mm, 35mm et 16mm)et des milliers de documents et d’objets liés au cinéma, elle constitue une des plus grandes base de données mondiales sur le septième art. Concernant les films, étant donnée la fragilité du support et l’espace de stockage qu’ils requièrent, ils sont stockés au fort de Saint-Cyr et voyage entre le fort et la cinémathèque au grès des programmations. Cependant, Saint-Cyr n’est pas le seul fournisseur de pellicules, il arrive souvent que les Cinémathèques du monde entier se prêtent des films entre eux .

Son financement est assuré par des subventions du Centre national du cinéma et de l’image animée, le mécénat et ses ressources propres (abonnements, billetterie, librairie, locations commerciales).

L’établissement est composé, en plus de ses salles d’exposition, de 4 grandes salles de cinéma nommées d’après les personnalités qui ont œuvrées à la création de la cinémathèque.

 
Henri LANGLOIS
(412 fauteuils)
Né en à Izmir en Turquie et mort en à Paris. Il est un pionnier de la conservation et de la restauration des films. Il est l’un des artisans fondateurs de la Cinémathèque française.
En 1933, pour protester contre la décision de son père qui veut l’inscrire à la faculté de droit, il échoue volontairement au bac, en rendant page blanche, puis en allant au cinéma. Après cet échec, son père lui trouve un emploi chez un imprimeur. C’est grâce à cet emploi qu’il rencontre Georges Franju.
En 1936, Henri Langlois, Georges Franju et Jean Mitry fondent officiellement la Cinémathèque française. Elle est conçue comme une salle et un musée du cinéma. Son siège social est situé à Paris, dans le 12e arrondissement. 
Ils ont commencé leurs archives avec des fonds privés et seulement une dizaine de films. Au cours des décennies suivantes, la collection s’accroîtra jusqu’à atteindre plusieurs milliers de titres.
On raconte que dans les derniers moments de sa vie, il a entreposé des films au quatre coins de Paris et que certains de ces trésors cachés n’ont pas encore été découverts.

 

 

Georges FRANJU

(171 fauteuils)
Il s’agit d’un réalisateur français né en et mort en 
Après avoir été décorateur de théâtre, il rencontre en 1934 Henri Langlois avec lequel il participe en 1936 à la création de la Cinémathèque française. Il devient en 1938 secrétaire exécutif de la Fédération internationale des archives du film (FIAF).
Georges Franju se fait connaître avec des courts métrages documentaires d’un réalisme sans concession.
Parmi ses œuvres on pourra notamment citer, Le Sang des bêtes, documentaire sur le monde des abattoirs (le court métrage est disponible sur YouTube) ou encore le film, Les yeux sans visage, qui inspirera George A. Romero pour son film, Bruiser.

Lotte EISNER

(95 fauteuils)
Née en à  Berlin et morte en  (à 87 ans) à Paris, elle fut une historienne du cinéma et une critique de cinéma française d’origine allemande.
Elle se lie d’amitié avec Henri Langlois et en 1937, entre à la Cinémathèque Française.  Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se cache dans le Lot, mais est finalement déportée dans le camp de Gurs. Après la Libération, de retour à Paris, elle devient, en 1945, conservatrice en chef de la Cinémathèque Française, fonction qu’elle occupe jusqu’à sa retraite en 1975. Parallèlement, elle écrit pour des revues de cinéma, en France comme en Allemagne et publie plusieurs livres majeurs sur le cinéma allemand.
Pour la petite histoire :
En , Eisner tombe malade. Craignant qu’elle ne meure de la maladie, son ami Werner Herzog entreprend une marche à pied de Munich, où il se trouve lorsqu’il apprend la nouvelle, à Paris, où réside Eisner. Il marche pour conjurer le sort, affirmant qu’il « ne peut y avoir de cinéma allemand sans elle ». Il y parvient en trois semaines ; Eisner guérit et vit encore neuf ans.
Jean EPSTEIN
(93 fauteuils)
Jean Alfred Epstein, est un réalisateur, essayiste et romancier français né en à Varsovie et mort en
Il est l’auteur d’une œuvre théorique considérable, amorcée dès 1921 par la publication de son essai Bonjour Cinéma aux Éditions de la Sirène et poursuivie par quelques essais : Le Cinématographe vu de l’EtnaL’Intelligence du cinématographe ou encore Le Cinéma du diable.
Dans les années 1930, Epstein a tourné principalement des films documentaires. Pendant l’occupation de la France par les Allemands, il n’a été autorisé à travailler dans aucun studio, il a même été temporairement détenu par la Gestapo, en raison de ses origines juives.
L’essentiel de sa filmographie est composée de quatre périodes clés, à peine étalées sur dix années, conservée et restaurée par la Cinémathèque française.

La préparation d'une projection de film argentique à la cinémathèque

Au cours de la visite qui m’a été donnée par Alex, projectionniste à la cinémathèque française, j’ai pu observer les préparatifs et les différentes étapes permettant de projeter un film dans les conditions les plus optimales. La Cinémathèque Française projette quasiment tous les formats : 35mm, 16mm, plus rarement du 70mm et exceptionnellement le Super 8mm. En terme de proportion, la Cinémathèque projette environ autant de numérique que d’argentique. Avant de pouvoir projeter un film, les bobines doivent être vérifiées afin de s’assurer que la copie du film est en bon état

. Pendant ce processus, le projectionniste doit également tracer des repères sur la pellicule afin d’avoir des repères visuels lui permettant de lancer la bobine suivante. A la Cinémathèque, les projections sont faites en double poste, donc toutes les 20 minutes environ, soit 600m de pellicule, il faut permuter les projecteurs. Ce qui implique une parfaite synchronisation afin que le spectateur ne voit pas la transition.

Le choix de la bonne fenêtre de projection: 

Il faudra également choisir la bonne fenêtre de projection sur le projecteur afin d’éviter que l’image soit tronquée ou avoir des fuites de lumière. Car la taille de l’image peut varier selon les périodes ou selon le parti pris artistique des réalisateurs. 

Régler la piste sonore :

Il faudra également que le projectionniste règle le lecteur son du projecteur. Selon les pellicules, le format peut varier. On trouvera dans la majorité des cas des pistes sonores optiques (piste noir ou cyan), des pistes sons magnétiques ou encore le son DTS pour Digital Theater System, qui est un format codé avec un Time code qui permet de synchroniser la piste son disponible sur un CD ou un disque dur avec la pellicule.

Concernant les films 70mm, il faut savoir que les films sont systématiquement sonores magnétiques avec une bande sonore pouvant être composée de 6 pistes sons au maximum. 

Chargement d’un projecteur:

Vous trouverez ci-dessous des vidéos explicatives des projecteurs utilisés par les techniciens de la cinémathèque. Il s’agit d’un Kinoton FP38 E (E pour croix de malt électronique), ces projecteurs ont été spécifiquement aménagées pour la Cinémathèque Française.

Les sous-titre pour les films en version originale:

Il peut arriver que la seule copie disponible d’un film soit en langue originale . Dans ce cas, ils ont mis en place un petit écran très discret sous la toile de projection comme le montre la photo ci-contre. Ce petit écran permet d’afficher les sous-titres du film. C’est sous-titres sont préparés par une des équipes de la cinémathèque pour être ensuite synchronisés avec l’image. 

C’est donc seulement après que le projectionniste a effectué toutes ces tâches que que la séance peut débuter et que le spectateur peut profiter du film.

Format particulier: L'IMAX

 

Au cour de ma visite, on ma présenter un format de pellicule très rare, l’IMAX (abréviation de l’anglais Image Maximum).

C’est une pellicule qui défile devant le projecteur horizontalement contrairement au défilement standard se fait à la vertical. Il s’agit de la plus grande image possible sur pellicule. L’image est sur 15 perforations, contrairement à l’image 70mm, qui elle est sur 5 perforations. 

J’espère cet article et ces petites vidéos vous auront donné fait découvrir la Cinémathèque Française et qu’elles vous auront également donné un aperçu de ce qui se déroule en cabine avant que le spectateur puisse profiter d’un film. 

Je tiens à remercier l’équipe de la cinémathèque et plus particulièrement Alex pour son accueil chaleureux et le temps qu’il m’a consacré pour me faire découvrir la Cinémathèque.

Je remercie également l’amie d’Alex pour m’avoir offert une projection dans l’une des salles de la cinémathèque.

Si vous souhaitez visiter la Cinémathèque Française de Paris et voir les différentes projections et expositions programmées, cliquez sur le l’image ci-dessous: 



Galerie photos: